mardi 15 mars 2016

Après 4 mois, j'avais envie d'écrire çà.

Fin décembre 2015, j’écrivais mes réflexions générales dans « J’avais envie d’écrire çà ». Deux mois se sont écoulés depuis, et j’ai de nouveau envie d’écrire non pas sur un pays en particulier, mais sur ma façon d’appréhender le voyage, sur ce qu’il m’apporte et sur ce qui continue de me surprendre.


Trois boules de flipper.

Comme dans un jeu virtuel, j’ai l’impression d’avoir plusieurs vies depuis mon départ, liées aux différentes manières de vivre mon voyage. Bien évidemment, les différences géographiques majeures (relief, climat) contribuent aussi à ces différentes phases, mais pas que.

Cuba, Mexique, Guatémala, Nicaragua, Costa-Rica : Que cette période me semble déjà loin ! Je suis  en découverte du voyage itinérant et d’un nouveau style de vie. C’est le charme de la nouveauté: les bus locaux, une vie en communauté le rythme effréné des passages de frontières. Un savoureux mélange d’un Tom Sawyer adulte et d’Auberge espagnole.
J’imagine aussi une volonté de ne pas vieillir et de revivre les moments grisants du jeune adulte face à sa nouvelle indépendance.
Phase de découvertes aussi nombreuses que le nombre de pays traversés : beaucoup de petits pays aux chaleurs tropicales où les océans apaisants ne sont jamais bien loin. Leurs plages rassurent.

Colombie, Equateur, Pérou, Bolivie : Ce n’est plus le voyage par lui-même que je découvre mais de nouvelles terres : l’Amazonie,  l’intérieur des pays, les Andes. Je quitte la mer (la mère ?) et ses stations balnéaires. Les terres deviennent moins hospitalières, le climat plus rude, je monte en altitude. Ce n’est plus le passé que je regarde, mais devant : des montagnes sont à franchir. 

Argentine, Chili : Le continent se resserre: Les océans reviennent et finissent même par se rejoindre. Les sommets de la cordillère des Andes se marient avec les plaines de Patagonie. La parfaite synthèse géographique des deux premières phases. Je n’ai pas encore vécu ces pays mais je les imagine festifs et rudes... Une forme d’harmonie ? 

Je viens de me relire, j'arrive à peu près à me comprendre... Et encore..  Bon courage à vous ! Je vous jure que je n’ai pris aucune substance hallucinogène !


Ainsi soit-il.

En France, pays de Descartes qui ne manquait pas d'être cartésien,  il faut être performant, maîtriser son sujet, anticiper, prévoir, planifier. Bref, il faut dominer les choses. En voyageant en Amérique latine (en Asie également et en Afrique j’imagine), il faut apprendre à faire sans pour autant maîtriser et accepter ce qui me semble être des approximations. Par exemple :
...Si je demande une même direction à trois personnes différentes, j’obtiens trois réponses différentes.
(L'indigène n'aime pas montrer qu'il ne sait pas)
...Si je demande « dans combien de temps ? », le temps réel est toujours à des années-lumière du temps annoncé.
(Une quantité de minutes correspond à "c'est pas trop long"
... etc 
Les aléas sont nombreux ; les cultures sont différentes. J'apprend durant ce voyage à maîtriser la non-maîtrise... et ce qui est encore plus important,  à respecter la non-maîtrise sans sentiment négatif (colère et incompréhension). Il en est ainsi ici. Ainsi soit-il.


Une bouteille à la terre.

J'avais déjà eu l'occasion de le constater en Asie : le plastique s'est imposé dans les pays pauvres sans organisation efficace du traitement du déchet, surtout dans les campagnes. Les bouteilles et les sachets plastiques (et à degré moindre les canettes métalliques) défigurent les bords des fleuves, des villes, des campagnes. Ce ne sont pas les touristes  qui dans leur immense majorité respectent l'environnement mais bien la population locale qui n'a ni le choix, ni la culture du déchets.
Je vote pour que les bouteilles plastiques soient consignées : le recyclage à charge du fabriquant, et les enfants se feraient un plaisir d'aller chercher toutes les bouteilles dans la nature pour gagner quelques pesos ! Ou vive le plastique bio-dégradable ! Je prends d'avantage conscience de l'environnement en voyage.


Je n'ai fait aucun pays...

"Cet été, j'ai fait l'Italie..." (ou la Corse, l'Egypte ...)
Expression absurde qui sous-entend qu'il existe un inventaire avec des cases à cocher, et plus il y a de croix et mieux c'est, jusqu'au Graal  : ne plus avoir aucune case blanche.
Notion quantifiée, propre à ce besoin de mesurer, de se mesurer, de hiérarchiser, au mieux, avec soi-même, au pire contre les autres.

Cette notion de faire induit qu'on en a fait le tour. Qui peut affirmer avoir fait le tour de quoique ce soit, et surtout d'un pays ? Au contraire, mettre les pieds dans un pays donne souvent l'envie d'y retourner pour le connaître encore un peu mieux. Et tant qu'il y a  encore à faire, il y aura encore du plaisir, il y aura encore du rêve, encore des projets, encore de la vie.


... Parce que mon temps est ma liberté de voyager.

Il y a énormément de choses à dire sur les relations entre le temps, la liberté et le voyage. D'ailleurs, aborder le temps qui passe au début de cet article  rentre parfaitement dans ce thème.

J'ai souvent eu avec d'autres voyageurs des discussions animées sur la notion de temps et surtout du choix de chacun d'en faire ce qu'il veut :
Certains ne comprennent pas pourquoi je ne reste que deux semaines dans tel ou tel pays, alors qu'il en mérite le double ou le triple.
D'autres, et souvent les-mêmes, ne comprennent pas non plus pourquoi je peux rester une journée tranquille à l'hôtel,  devant mon ordi à écrire alors que j'ai la chance d'être dans un pays ou je ne reviendrai peut-être jamais.
Et puis, il y a ceux qui font la course aux visites : "Quoiiii ?? Tu n'as pas vu machin-chose ???? Mais c'est pourtant un IN-CON-TOUR-NABLE !!"

Toutes ces remarques proviennent d'une même idée : il faut optimiser, planifier, organiser. (Et s'échouer sur la non-maîtrise, ainsi soit-il.)

Comme je n'ai pas la prétention  de connaître un pays, j'ai cette liberté de n'y rester que deux semaines et d'avoir la chance de vouloir y retourner parce que j'ai encore des choses à voir.
Y rester le double ou le triple de temps change t-il vraiment la donne ?
"Ce que j'aurai pu vivre" est-il plus important que je que j'ai vécu  ?

Pour ma part, c'est bien évidemment le plaisir pris qui compte, et 4 semaines dans deux pays ou 4 semaines dans un seul ne change rien au ressenti du vécu.
Et chacun est libre de passer son temps comme il veut en voyage. C'est même pour moi une définition du voyage. Prendre mon temps pour écrire, me reposer, parce que j'en ai envie, et même besoin.

J'adore flâner dans une ville -surtout quand elle est agréable- découvrir des ruelles, observer, discuter avec les gens, jouer aux échecs dans la rue. Alors, non, je ne me sent pas du tout obligé de faire le musée machin-chose, ou de faire tel ou tel monument comme on coche une croix sur son agenda entre 15h00 et 18h00... d'ailleurs, je n'ai plus d'agenda mais si j'en avais un je crois que je planifierai de l'imprévu dans cette tranche horaire.

"La liberté n'est pas l'absence d'engagement mais la capacité de choisir."
Paolo Coelho


8 commentaires:

  1. "La liberté n'est pas l'absence d'engagement mais la capacité de choisir."
    Paolo Coelho

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  2. Quel luxe de pouvoir prendre ce temps comme il vient... enfin je dis luxe... ce devrait etre naturel et normal de vivre à son rythme et surtout au rythme de ses envies... les humains sont les seuls animaux à courir apres le temps...
    Profite ... c est un luxe bien mérité... et finalement un an de liberté ca n'a pas de prix et ca apprend que l homme, s'il le veut, a le choix de vivre autrement qu en courant apres le temps ou la surconsommation ...
    Une leçon de vie que tu auras integrée... et la vie "classique" en France prendra une saveur bien différente à ton retour...

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    1. Hello Dorothée !
      Bien d'accord ! Je dirais même plus, l'humain est le seul animal à s'amputer volontairement (??) d'une partie de son sommeil ! c'est pourtant un besoin vital !
      Non au réveil ! je parle de l'objet bien-sûr... J'aimerais tant que mon corps ait la liberté d'avoir son rythme de sommeil avec son lot de rêves...(sic)
      Ravie de te lire sur le blog de Fabrice
      Bisous

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  3. tout est dit...
    cette liberté si précieuse que nous avons oublié ici !
    profite bien de cette pause "Sucrée" bolivienne ;o)
    Blntt

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  4. "respecter la non-maîtrise sans sentiment négatif (colère et incompréhension)."==> n'oublie pas de m'envoyer un CV à ton retour. Mon groupe cherche ce type de profil pour bosser en Afrique. David

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    1. Lol excellent david :)
      C'est clair ça peut vous servir !!!
      Bises

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  5. "Et par le pouvoir d’un mot
    Je recommence ma vie
    Je suis né pour te connaître
    Pour te nommer...
    Liberté"
    (extrait de le dernière chanson des Enfoirés "Liberté")

    Ce passage est pour toi !

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  6. Tt ce qui est écrit c est exactemt ce que je me dis qd je vois les gens visiter dix milles trucs en 1 semaine alors que moi j en ai vu 2. Mais comme toi j ai vu les gens, entendu les bruits humé les odeurs.Partagé des instants ou pas...
    La liberté c est ça n être obligé en quoi que ce soit à quoi que ce soit. Ne pas vivre contre le temps bien au contraire. A chacun sa liberté toi, tu as la tienne.:)

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