Dilemme en Equateur: Partir vers l'Ouest aux côtes pacifiques touristiques, aux îles animalières ensoleillées et aux voies d'accès rapides, ou me diriger vers l'Est, aux forêts et fleuves amazoniens, aux temps pluvieux et aux transports chaotiques ? Telle est l'équation Equateur aux deux (terres) inconnues.
Frontière Colombie - Equateur : trop fastoche !
J'avoue, la petite montée d'adrénaline d'un passage de frontière terrestre me manque un peu puisque le dernier remonte au 2 Janvier. C'est donc avec plaisir que j'aborde l'étape Pasto-Quito et son poste frontière d'Ipiales mais sans trop d'appréhension : enfin un pays qui n'impose pas de billet de sortie pour pouvoir entrer ! Facile, rapide et sympa puisque le douanier équatorien accepte même de tamponner mon passeport à l'endroit précis ou je lui demande, histoire d'économiser quelques pages de mon précieux sésame.
Pourtant, j'arrive à Quito vers 21h00 soit 3 heures de retard sur l'horaire prévu* ... Les douaniers se vengeraient-ils de mon passage rapide au poste frontière en choisissant justement mon bus pour effectuer une fouille complète du véhicule, bagages et passagers ?
Dans ce genre de contrôle -même sans rien avoir à se reprocher- on se sent quand même coupable et tout en vidant mon sac à dos, je prie pour que personne n'ait eu la bonne idée d'y glisser des substances illicites à mon insu !
...Le bus repartira finalement trois heures plus tard et quelques passagers en moins qui préféreront le confort douillet du véhicule officiel, ceinture de sécurité et menottes parfaitement bien bouclées... Passage de frontière pas si rapide que çà finalement !
* Horaire prévu = horaire officiel + 1h00
Enfin Quito ! Enfin, presque... Dans les grandes villes, les gares
routières ont souvent la fâcheuse habitude de se situer en périphérie.
Cinquième et ultime bus de la journée
pour rejoindre donc le centre historique et m’installer dans un
sympathique hostal, une vieille bâtisse carrée de 3 étages avec patio intérieur
et dont je m’apercevrai le lendemain matin que le second étage est
exclusivement réservé aux services tarifés des dames toutes aussi charmantes que
la bâtisse.
Un retour SURREALISTE !
Les minutes s’égrènent et Georges et Marie commencent tout doucement à fredonner les syllabes « Li- mon-co-cha » sur différents airs de musique classique... Puis de plus en plus fort comme pour conjurer les craintes, le froid et la pluie. L’Indien et moi nous y mettons aussi, et ce sont bientôt 4 gugusses sur un fleuve amazonien en pleine nuit d’orage dans une barque à hurler le plus fort possible « Li-Mon-Co-Cha, LI-MON-CO-CHA !!! » Complètement fou !
* Horaire prévu = horaire officiel + 1h00
Fastoche ! Mais pas si rapide finalement ! |
Quito : patrimoine
de l’Unesco :
Quito, première ville Sud-Américaine à entrer dans le patrimoine
mondial de l’Unesco (1978) se situe à 2850m d’altitude avec des pointes à 3000m. Le centre historique est
constitué de nombreuses ruelles pavées et de monuments construits à l’époque
coloniale... En me promenant, je m’interroge aussi sur le prix humain important
de ces édifices réalisés sans doute de force par la population locale. Autres
temps, autres valeurs, quoique les chantiers actuels des stades de la future
coupe du monde de football au Qatar ont déjà causé quelques dizaines de morts
parmi les ouvriers-esclaves.
Quito |
Cap sur l'Amazonie.
Quelle prochaine étape équatorienne après Quito ? Après beaucoup
d’hésitation, j’opte pour l’Amazonie : Depuis cuba, je n’ai manqué ni de
plages ni de soleil, et il serait dommage de ne pas visiter une petite partie du poumon vert de
notre globe.
7 heures de bus de nuit (impossible de dormir) pour me rendre à Francisco
de Orellana (appelée aussi Coca), ville
la plus orientale accessible en bus, à l’orée de la forêt amazonienne et proche
de différents parcs nationaux dont la réserve naturelle de Limoncocha. J’arrive
fatigué à l’aube dans cette ville grise, triste, bétonnée, pluvieuse et
boueuse:
Priorité 1 : Trouver une chambre pour déposer mon sac et
prendre une douche.
Priorité 2 : Manger, manger, manger.
Priorité 3 : Trouver une opportunité d’excursion dans la jungle.
Priorité 4 : Me reposer.
Départ sur les chapeaux de roues.
Départ sur les chapeaux de roues.
Douché et repu, je tente de repérer des touristes pour
m’intégrer à une excursion organisée et c’est ainsi que je croise Georges
(Espagnol), Marie (Française) et « l’Indien » en train de
négocier dans une officine touristique... Bingo ! J’ignore le programme
exact des 48h00 à venir à 120$ (pas cher) mais je suis parfaitement d’accord...
Et départ immédiat ! Juste le temps de récupérer mon sac à dos et d’annuler
l’hôtel que je venais de réserver et nous voici partis pour 1
heure de pick-up : destination : Limoncocha, point de départ
de notre excursion qui commence cet après-midi, Je me reposerai plus tard !
En route pour l'Amazonie |
Une première excursion qui commence par deux heures de lancha sur le
Rio Napo. Le temps est aussi lourd que l’atmosphère détendue. Puis bottes
aux pieds et pantalons aux chevilles pour éviter au maximum les piqûres de toutes sortes, nous
nous enfonçons dans la jungle guidés par Ramon qui nous détaille les vertus
médicinales de chaque plante. Quelques singes, des volatiles multicolores, beaucoup de bestioles surdimensionnées aux pattes
innombrables, grand concours de tarzan sur la liane et à la nuit tombée, nous
finissons même par croiser quelques
bonnes têtes de caïmans.
In the Jungle |
... Puis une fée apparaît ! Puis deux, puis des dizaines de
fées clochette illuminent les berges du fleuve. Bercé par le moteur de la lancha, je
lutte contre le sommeil après 36 heures de veille mais je ne rêve pas. La nuit
des centaines de « lucioles » illuminent les rives du Rio Napo... Ciel
étoilé, fleuve illuminé, ce spectacle surréaliste vaut bien toutes mes heures de veille.
Nous retrouvons notre « lodge » (terme pompeux
pour désigner un dortoir dans une cabane en bois) ou après un repas et quelques
jeux, je m’endors finalement assez tard, protégé par la moustiquaire pour quelques heures de
sommeil... Tout à l'heure, départ prévu à
5h15 précises!
Connaissez-vous les Santacouros ?
Rappelez-vous Ko Lanta ... Ces larves jaunâtres qui vivent et se nourrissent du bois des arbres morts. L'avantage de ce met, c'est qu'il ne demande aucune préparation : pas d'épluchage, pas de cuisson, pas d'os ni d'arrêtes, pas de vidage ni même de nettoyage préalable. Du pur bonheur pour la ménagère active !
Connaissez-vous les Santacouros ?
Rappelez-vous Ko Lanta ... Ces larves jaunâtres qui vivent et se nourrissent du bois des arbres morts. L'avantage de ce met, c'est qu'il ne demande aucune préparation : pas d'épluchage, pas de cuisson, pas d'os ni d'arrêtes, pas de vidage ni même de nettoyage préalable. Du pur bonheur pour la ménagère active !
Seule une préparation psychologique est nécessaire pour me décider à
croquer ces moelleuses larves vivantes hors tête (l’extrémité avec un point
noir) qui gigotent encore toutes heureuses dans ma main !
Une respiration .... Je croque jusqu’à la tête que je rejette... je
machouille... J’avale .... Bon, il me reste un goût de farine citronné. Voilà c’est
fait ... Rassurez-vous, j’ai gardé quelques exemplaires pour vous faire goûter à
mon retour !
Ne pas trop réfléchir ... |
Le mirador dans la
Jungle
Deux heures de lanchas sur le Rio Napo et deux heures de marche dans la jungle pour arriver au mirador : Construction métallique (Je
cherche la plaque avec le numéro de contrôle conforme aux normes des
constructions provisoires ... En vain) surplombant la jungle et le fleuve du
haut de ces 40 mètres ... Ça bouge un peu, j’ai le vertige, une photo et je redescends
vite fait bien fait sans faire le malin !
Le panorama est superbe.
Différentes teintes de vert à perte de vue, le fleuve qui s’écoule, un habitat
naturel à protéger absolument.
La
communauté Anangu
Entre le reportage style National Géographie et le bon show
spécial touriste, me voici dans la communauté Anangu qui présente sa culture
traditionnelle : les danses, la cuisine, la méthode de chasse, l’artisanat.
Bien sur que la communauté est rémunérée pour ce spectacle et que la plupart - pas toutes- de ces traditions ne sont plus d'actualité (la chasse est devenue interdite). Néanmoins, on peut vivre avec son temps sans pour autant oublier les traditions ancestrales. A bien y réfléchir, ces shows à l'attention des touristes ont pour effet induit de conserver vivants (autant que possibles) les usages et coutumes. Qu'adviendrait-il de cette culture sans tourisme? Les nouvelles générations, de quelque pays que ce soit et sans exception, sont toutes accro aux smartphones et aux réseaux sociaux. Je ne suis pas certain que Facebook soit soluble dans le maintien des traditions.
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Bien sur que la communauté est rémunérée pour ce spectacle et que la plupart - pas toutes- de ces traditions ne sont plus d'actualité (la chasse est devenue interdite). Néanmoins, on peut vivre avec son temps sans pour autant oublier les traditions ancestrales. A bien y réfléchir, ces shows à l'attention des touristes ont pour effet induit de conserver vivants (autant que possibles) les usages et coutumes. Qu'adviendrait-il de cette culture sans tourisme? Les nouvelles générations, de quelque pays que ce soit et sans exception, sont toutes accro aux smartphones et aux réseaux sociaux. Je ne suis pas certain que Facebook soit soluble dans le maintien des traditions.
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La communauté Anangu |
Un retour SURREALISTE !
Environ 2h30 de lanchas (soit une trentaine de kilomètres) nous séparent de
Limoncocha, et lorsque nous embarquons (nous ne sommes plus que 4), la nuit
commence à tomber, le vent se lève et la pluie redouble d’intensité. Il est
clair que nous ferons le trajet en pleine nuit dans des conditions dantesques
et ce n’est pas la mince toile sur nos têtes qui nous protégera de l’orage.
Il faut imaginer cette barque naviguant "à vue" c'est à dire sans aucune lumière et sous une pluie battante. Il fait nuit noire, le "pilote" de la lancha tente de s'orienter (aidé de son fils à l'avant de la barque) parmi les nombreux affluents du fleuve. La barque s'échoue à maintes reprises sur des bancs de sable et vogue d'une rive à l'autre. Connait-il vraiment le chemin? Le moteur tousse mais redémarre... Silence glacé dans la barque, chacun se recroquevillant pour se réchauffer et se protéger.
Les minutes s’égrènent et Georges et Marie commencent tout doucement à fredonner les syllabes « Li- mon-co-cha » sur différents airs de musique classique... Puis de plus en plus fort comme pour conjurer les craintes, le froid et la pluie. L’Indien et moi nous y mettons aussi, et ce sont bientôt 4 gugusses sur un fleuve amazonien en pleine nuit d’orage dans une barque à hurler le plus fort possible « Li-Mon-Co-Cha, LI-MON-CO-CHA !!! » Complètement fou !
Enfin... presqu'arrivés !
2h30 comme une éternité. Lorsque nous arrivons enfin nous applaudissons à
tout rompre le pilote qui ne bronche pas. Je crois qu’il nous en veut
terriblement de nos deux heures de
retard au départ...
Enfin Limoncocha ... Ou plus exactement à 7 kilomètres du centre du village et de
l’hôtel ! Vue l’heure, pas un taxi ni une voiture à espérer ... Les prestations
assez vagues ne prévoient pas le retour, surtout en pleine nuit !
La pluie a cessé. Las, fatigués, trempés, sales et faim, nous nous asseyons
en tailleur au milieu de la route, l’enrobé sec nous réchauffant un peu, sourire
aux lèvres d’être enfin sur la terre ferme et devant une situation aussi surréaliste. Attendre un
miracle...
... Et un homme COMPLETEMENT NU surgit de nulle part ! (désolé, je n'ai pas de photo). Un villageois d'une des rares maisons voisines qui a la bonne idée de se baigner dans l'eau du fleuve. De façon très naturelle, les mains masquant son intimité, il nous souhaite la bienvenue et s'étonne de nous croiser en ces heures et lieux!
Comme Adam a une moto, il nous propose pour 10$ de nous conduire à l'hôtel en 2 aller-retour. Le temps de se rhabiller, il revient même avec un alcool de yucca!
Comble de bonheur, c'est nuit de fête dans le centre de Limoncocha et il reste encore sur le barbecue des platanos au fromage que nous dévorons avec plaisir. Une douche, au lit et demain matin premier bus pour Tena.
Cette dernière nuit n'était pas comprise dans le forfait, mais comme personne n'était présent le lendemain matin avant de partir, nous sommes partis sans payer..
Nul doute que la vraie fée clochette se cachait parmi toutes les lucioles ...
L'Equateur, bien mieux que la moyenne.
... Et un homme COMPLETEMENT NU surgit de nulle part ! (désolé, je n'ai pas de photo). Un villageois d'une des rares maisons voisines qui a la bonne idée de se baigner dans l'eau du fleuve. De façon très naturelle, les mains masquant son intimité, il nous souhaite la bienvenue et s'étonne de nous croiser en ces heures et lieux!
Comme Adam a une moto, il nous propose pour 10$ de nous conduire à l'hôtel en 2 aller-retour. Le temps de se rhabiller, il revient même avec un alcool de yucca!
Comble de bonheur, c'est nuit de fête dans le centre de Limoncocha et il reste encore sur le barbecue des platanos au fromage que nous dévorons avec plaisir. Une douche, au lit et demain matin premier bus pour Tena.
Cette dernière nuit n'était pas comprise dans le forfait, mais comme personne n'était présent le lendemain matin avant de partir, nous sommes partis sans payer..
Nul doute que la vraie fée clochette se cachait parmi toutes les lucioles ...
L'Equateur, bien mieux que la moyenne.
Après ce temps fort, les autres étapes équatoriennes paraissent un peu plus fades .. Tena pour se reposer, et faire une lessive (A noter l'excellent hostal Pakay).
Banos, ville touristique "à la mode Costa Rica", très peu pour moi ... Une journée de randonnée à vélo quand même (sous une pluie battante) pour visiter les différentes cascades. Et Cuenca, très belle ville historique parfaite pour glandouiller !
Située à égale distance des Tropiques du Cancer et Capricorne (lequel est au nord ? lequel est au Sud ?) L,'Equateur mérite finalement bien mieux que sa moyenne géographique.
Située à égale distance des Tropiques du Cancer et Capricorne (lequel est au nord ? lequel est au Sud ?) L,'Equateur mérite finalement bien mieux que sa moyenne géographique.
I'm cycling in the rain à Banos |
Cuenca |
Quelle belle histoire incroyable...
RépondreSupprimerLe film continue !
Merciiiii
Je t'envoies les infos pour le Pérou ce soir
j'aime bien ton coupe-vent, joliiii ;o)
SupprimerLes récits de ce trip sont fantastiques. Un zeste de Serendipity, une énorme part d'audace sont au menu de notre vie quotidienne à travers ton blog. C'est un plaisir de te lire , cousin !
RépondreSupprimerMerci cher cousin(e) Anonyme.. Je file sur wikipédia pour vérifier la définition de serendipity !
SupprimerJ'espère que maintenant tu t'es bien reposé après avoir bien dormi et bien restauré? J'aime beaucoup ton récit.
RépondreSupprimerGB
papou
et bien aprés notre rencontre chez mon frère, Fabrice, et la présentation de ton blog je suis effectivement venue sur ton blog en décembre et depuis j'avoue prendre beaucoup de plaisir à lire tes aventures et vivre un peu par procuration, bravo pour tes récits
RépondreSupprimerCarine
Encore un très beau récit, et de belles photos. Par contre les larves jaunâtres...beurk ! Bisous Véro
RépondreSupprimerLes "sanracurods", les larves..tu auras l'occasion de les goûter si tu passes par le Cambodge, ou p-ê au Vietnam ! très nourrissantes paraît-il !!
RépondreSupprimerBisous,
papou
Sympa l'accrobranche en Amazonie ! Moins sympa la bouffe... Et puis c'est quoi ce crabe qui mange ta soupe avec ses pincettes !
RépondreSupprimerAmbiance Délivrance plus que Kô Lanta dans ce récit... J'aime lire tes aventures.
Bisous
Corinne